le colibri
de sandro veronesi
Dans la tête de Marco Carrera, les souvenirs, la réalité et les fantasmes ne font qu’un. Une existence de vérités et d’illusions vibrante et terrible racontée dans un roman qui sonne comme une ode à la vie teintée de soleil italien.
« Il y a des êtres qui se démènent toute leur vie, désireux d’avancer, connaître, conquérir, découvrir, progresser, pour s’apercevoir qu’en définitive ils n’ont jamais cherché que la vibration qui les a jetés dans le monde : pour ceux là, les points de départ et d’arrivée coïncident. Puis il y en a d’autres qui parcourent une longue route aventureuse tout en restant immobiles, parce que c’est le monde qui glisse sous leurs pieds et qu’ils se retrouvent très loin de leur point de départ : Marco Carrera était de ceux-là ».
Marco Carrera a pris le parti de ne pas bouger. Parce que le changement arrive toujours dans sa vie avec la brutalité et la violence d’une éruption volcanique. La mort de sa soeur Irene en a été l’exemple le plus criant.
Rester en place, comme le colibri dont les ailes battent près de 100 fois par seconde, est davantage une manière de faire front qu’une réelle passivité. Marco semble avoir fait sienne la citation de Samuel Beckett située en exergue du roman « je ne peux pas continuer, je vais continuer ».
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Lettres
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Continuer, jusqu’à l’irruption à son cabinet d'ophtalmologie du psychanalyste de sa femme, qui le croit en danger. Marco prend alors conscience, à quarante ans, des oeillères derrière lesquelles il voyait sa vie. Son couple est à la dérive. Son amour de jeunesse, Luisa, continue de le rattraper depuis ses vingt ans. Son frère est presque devenu un étranger. Et la mort de ses parents ravive les souvenirs d’une enfance florentine ensoleillée par les étés à Bolgheri, près de la mer, lorsque la famille était encore au complet et l’amour à ses balbutiements.
À travers les lettres intimes qu’il écrit à Luisa, et celles qu’il continue d’envoyer à son frère, Marco Carrera raconte les rencontres et les deuils qui ont marqué sa vie. Poétique et vivant, le nouveau roman de Sandro Veronesi se déflore comme un film italien. On s’y aime, on s’y déchire, on s’y pardonne surtout et on s'y joue du temps qui passe et du destin.
J’ai été un peu déçue par la fin du livre, attendue et bien moins romanesque que le reste de ce très beau roman qui a reçu le Prix Strega (équivalent du Goncourt français).
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Le colibri, de Sandro Veronesi,
traduit de l'italien par Dominique Vittoz.
Editions Grasset,
En librairie le 13 janvier 2021
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